Dentistes !

Premier séjour au Maroc, première sortie en ville (Casablanca) : les enseignes, vitrines ou devantures peintes ont accroché mon œil. Commerçants, artisans et bien d'autres utilisaient des dessins naïfs aussi explicites que colorés pour attirer le chaland ou motiver le client. Dans un pays où la transmission orale est fondamentale, l'alphabétisation a fait beaucoup de progrès mais reste incomplète : l'image garde donc encore tout son pouvoir de transmettre des messages non oraux. Je regrette de ne pas avoir photographié systématiquement tout ce qui me plaisait car cette tradition est remplacée comme partout par des adhésifs dont l'esthétique doit tout au prêt-à-porter informatique tristounet ou racoleur.

Première enseigne de dentiste... là, j'ai dégainé l'appareil photo plus vite que ma BD-idole de jeunesse Lucky Luke son colt !
Et l'élevage de cette famille de visions a commencé. Pas toutes les enseignes de dentistes, bien sûr, mais toutes celles qui me plaisaient. Je suis comme beaucoup de mes congénères : je ne vais chez l'homme de l'art maxillaire que lorsque c'est inéluctable. Les plaques de cuivre à l'ancienne ou les plus modernes en plexiglas, ornées des titres de noblesse dentaire, ne m'ont jamais paru vraiment attractives... Alors, au fond, pourquoi pas une annonce plus sympathique ou joyeuse ?

Dernière et importante remarque : aucune méchanceté ni ironie dans toutes ces visions. D'abord parce que j'aime trop le Maroc et encore plus les Marocains pour oser même simplement de la moquerie. Bien sûr que certaines enseignes m'ont fait sourire, mais ce n'est que la taquinerie affectueuse que nous réservons à nos proches. Un artiste, qui ne se pense qu'artisan, a mis tout son cœur pour motiver mon entrée dans une endroit où je n'ai pas vraiment envie d'entrer. Cela mérite du respect et j'ai ce respect... tout autant que j'en manque pour les truands qui ont inventé un mot anglo-scientifique pour dire arnaque : marketing.

20/06/2011